VIVRE SA VILLE AVEC SON HANDICAP
Je me suis promenée avec Christine qui vit comme moi à Joinville. Je lui laisse la parole.
« J’ai 36 ans, suis handicapée et dois vivre en
fauteuil roulant. J’habite Joinville depuis 4 ans dans une résidence aménagée
pour les gens comme moi.
Je suis pleine de vie et
d’optimisme, active, j’ai besoin de me déplacer souvent. J’ai comme vous des besoins quotidiens et des envies.
J’ai besoin de faire des courses, me rendre à la banque, chez le coiffeur, dans
ma famille et chez des amis. J’adore le cinéma et le théâtre. J’aimerais
participer à des activités qui me permettraient de rencontrer d’autres
personnes pas obligatoirement invalides comme moi (la musique, les arts
manuels).
Mais pour réaliser ces choses
simples, il faut se déplacer et là les choses se compliquent sérieusement. Mon
fauteuil, indispensable, coûte 8000 €.
L’ennemi numéro un de mes pneus qui peuvent crever : les verres
cassés sur les trottoirs et il y en a beaucoup. Autre problème important pour
moi ce sont les déjections canines car quand je rentre chez moi, je reste sur
mon fauteuil et je ne peux pas nettoyer mes roues. Je vous laisse imaginer
l’angoisse que j’ai de rouler dessus.
A Joinville un net effort d’aménagement de trottoirs a été fait.
Mais pourtant d’autres obstacles viennent me compliquer l’existence, m’allonger
le temps des déplacements sans compter l’insécurité quand je suis obligée de
rouler sur la rue à cause de voitures mal garées, de gros objets laissés à
l’abandon ou des travaux inachevés qui obstruent le passage du fauteuil
roulant.
Une fois enfin arrivée, encore
des obstacles : très peu de
magasins accessibles par rapport à l’ensemble des commerces, une seule banque
adaptée dans le haut de Joinville, des guichets de banques et des boîtes aux
lettres hors d’atteinte. Se déplacer relève du parcours du combattant
surtout à Joinville. Mais malgré tout Joinville est une ville très accueillante
et très agréable»
Merci Christine de ce témoignage. Mais finalement ne sommes-nous pas tous concernés ? Directement ou indirectement ? Momentanément ou durablement ? Promener son enfant dans une poussette, se déplacer quand on est fragilisé par l’âge, par un accident ou une maladie...
Et pour tous traverser la rue, rouler en vélo…
A chacun de nous de veiller à être attentif à l’autre et à ne pas alimenter l’insécurité que cette situation génère. A l’ « Etat » de légiférer dignement. Mais c’est à la municipalité, la plus proche de la vie quotidienne, de s’organiser pour veiller à ce que tous les habitants puissent au minimum se déplacer en toute sécurité et dans les meilleures conditions.
Christine Martin