LES ORIENTATIONS
GENERALES DU P.A.D.D.
Préambule :
La première phase de l’élaboration du Plan Local d’Urbanisme
s’est achevée le 22 juin dernier, avec la présentation au Conseil Municipal des
orientations générales du Plan d’Aménagement et de Développement Durable
(P.A.D.D.). Ce terme ronflant désigne le document à partir duquel devraient
être déclinés les orientations particulières et le règlement, zone par zone, du
Plan Local d’Urbanisme (P.L.U.) de notre commune, qui se substituera bientôt à
l’ancien Plan d’Occupation des Sols (P.O.S.). Le P.A.D.D. a été élaboré au
cours du premier semestre 2005 par une commission extra-municipale (1), à laquelle participe Joinville-Ecologie, et par des réunions
de quartiers ouvertes à tous les Joinvillais qui le souhaitaient. Les phases
suivantes démarreront dès septembre 2005. Aux réunions de quartier s’ajouteront
des réunions thématiques, consacrées à des thèmes précis. Signalons, pour être
complet, que ces phases ultérieures pourront entraîner des modifications à la
marge du P.A.D.D.
Le P.A.D.D. comporte huit
grandes orientations :
I.
Retrouver une identité autour de la Marne
comme lieu de rencontre de tous les Joinvillais ;
II.
Maîtriser les déplacements :
qualité, partage et sécurité ;
III.
Préserver et améliorer la qualité de
notre environnement ;
IV.
Mettre en valeur le patrimoine
joinvillais ;
V.
Affirmer la place de l’emploi et le
dynamisme économique ;
VI.
Accompagner l’évolution des lieux de
centralité et des territoires à reconquérir ;
VII.
Préserver la mixité sociale et
l’équilibre en terme d’habitat ;
VIII. Impliquer l’ensemble des acteurs dans l’accomplissement du projet.
Le texte intégral est
disponible sur le site Internet de la Ville.
Les écologistes ont donné acte d'un réel débat, tenu au cours de 5 réunions de quartier et
d'une réunion de la commission extra-municipale. Nous avons apprécié que la
plupart de nos contributions aient été intégrées dans le document, par exemple
celles relatives aux équipements publics de proximité, à la vigilance face aux antennes
relais de téléphonie (il aura fallu batailler !) ou aux bateaux-logements, que d’aucuns voulaient étendre au delà
du port de plaisance (2). Nous avons cependant formulé plusieurs réserves.
Notre principale réserve porte sur le domaine des transports (le chapitre II). Bien entendu, nous ne sommes pas
favorables à la revendication dans ce document de la construction des deux
tunnels sous-fluviaux doublant le tronc commun A4/A86. Nous ne souhaitons pas
que l'on continue à entretenir une illusion. Mais nous n’avons pas souhaité rouvrir
cette polémique à cette occasion, bien que la majorité municipale l’ait tenté
(3). Bien plus fondamentalement, nous regrettons qu'un document qui se place
sous l'égide du "développement durable" et prétend encadrer le
développement de notre commune pendant les quinze ou vingt ans à venir anticipe
si peu. La Municipalité donne encore la part trop belle à la « bagnole ».
Son opposition à tous les sites propres de transport en commun (4) favorise la
frénésie automobile. Et cette critique ne relève pas de l'idéologie, mais du
réalisme. La crise énergétique arrive, le pétrole frise les 60 dollars le
baril, et ce n'est pas fini. Le temps du gaspillage s'achève et il va bien
falloir rééquilibrer la part des divers modes de transport (comme nous y
appelle l'Agence Internationale de l'Energie). Bien sur, la population n'en est
pas assez consciente, mais il est de la responsabilité des politiques de
l'éclairer et d'anticiper, afin que les mutations inéluctables soient vécues
avec le moins de souffrance possible.
Nous relevons aussi des contradictions formelles d’un chapitre à
l’autre. Ainsi, il est un
peu démagogique de prétendre, au chapitre III consacré à l’environnement,
« interdire, dans les zones à dominante d’habitat, les activités
industrielles, commerciales ou artisanales polluantes ou
bruyantes » ! Au pied de la lettre, cela équivaudrait à interdire
toute activité dans tout Joinville (sauf le secteur de l’usine des eaux, le
seul qui ne soit pas à dominante d’habitat), en parfaite contradiction avec le
chapitre V consacré à l’emploi et au dynamisme économique. En effet, toute
activité est, peu ou prou, polluante, c’est une question de degré. Les
écologistes préfèrent se battre pour que les compromis nécessaires soient
réellement très soucieux de l’environnement, plutôt que de « raconter des
salades » !
Nous relevons enfin des ambiguïtés, notamment au chapitre VII consacré
à la mixité sociale. On ne
nous a pas suivi lorsque nous réclamions qu’il soit précisé qu’il fallait que
l’offre de logements sociaux soit maintenue en proportion. Si le nombre total de logements à Joinville
augmente significativement, comme la majorité municipale le souhaite sans le
dire franchement (5), alors ce n’est pas la même chose de maintenir le nombre
de logements sociaux ou d’en maintenir le pourcentage ... Nous connaissons la
tentation du repli sur soi de nos concitoyens, mais les communes ou les
quartiers socialement homogènes (« l’apartheid social ») sont un
remède pire que le mal, encourageant plus encore la violence. L’idéal serait la
mixité au niveau de chaque cage d’escalier. C’est sans doute irréaliste, mais au
moins la mixité sociale doit être défendue au niveau de chaque petit quartier,
et certainement pas à l’échelle de la commune entière.
En conclusion, le PADD est un document stratégique, qui fixe des
orientations. Il s'agit en
quelque sorte de têtes de chapitres, lesquels, eux, restent à écrire. A ce
sujet, nous manifestons à nouveau nos inquiétudes. Nous avons
consacré beaucoup de temps et d'énergie à ce PADD, qui n'est pas opposable aux
tiers (6), et nous craignons qu'à l'automne la concertation sur le règlement du
PLU soit un peu bâclée. Il faudra veiller à ce que les contenus soient
conformes aux titres !
(juillet 2005)
Notes
(1)
Nous regrettons une surreprésentation de certains quartiers (Bas de Joinville)
et de certaines préoccupations au sein de cette commission extra-municipale,
composée par la Mairie. Nous regrettons plus encore la surreprésentation de
certaines couches sociales (propriétaires de pavillons) dans les réunions de
quartier. Les habitants de collectifs et les locataires, selon nous, devraient
également s’impliquer.
(2)
Benoît Willot pour le Parti Socialiste. Pour les
écologistes, les bateaux logements sont une autre forme de densification, qui
s’attaque à la Marne, et non plus à la terre ferme !
(3)
Au cours d’une réunion de quarter (Vautier & Europe, le 9 juin), la
majorité municipale a accusé les écologistes d’être responsables du non
démarrage des travaux de construction des tunnels sous-fluviaux, situation
censée être à l’origine de tous les problèmes d’encombrement de notre
voirie ! La désignation de boucs émissaires est une technique démagogique
très ancienne, mais c’est là nous prêter beaucoup d’influence ... A Joinville,
les écologistes associatifs et élus sont les seuls à s’être opposés à ce projet
pharaonique qui ne réglait en rien les problèmes de pollution atmosphérique et
nous aurait infligé de 12 à 15 ans de travaux. Mais, si ça ne se fait pas,
c’est bien évidemment parce que les caisses de l’Etat sont vides, et nous
sommes les premiers à l’avoir dit.
(4)
Voir notre position de compromis sur le passage du TVM par le pont du Petit
Parc et l’avenue Charles Floquet. Nous pensons en revanche qu’une voie en site
propre pour les bus sur l’avenue Gallieni, correctement insérée, peut améliorer la vie quotidienne des habitants de
Polangis et Palissy, et même réduire la coupure entre ces deux quartiers.
(5)
Notamment en s’abritant derrière des déclarations d’élus régionaux de gauche
plaidant pour la densification de la petite couronne ... Voir notamment le
mensuel d’information municipal de mai 2005 (« Densité : ouvrons le
débat »).
(6)
Comprendre qu’il sera impossible de l’invoquer devant la Justice, par exemple pour
faire annuler un projet immobilier. C’était initialement possible dans la loi
SRU, disposition qui fut annulée lors du changement de majorité.
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