LES HAUTS DE JOINVILLE :

Bilan de la Concertation

 

Anne Meunier et Michel Laval (janvier 2007)

 

 

 

En 2005, la Municipalité a entrepris de revoir le Plan d’Occupation des Sols, devenu Plan Local d’Urbanisme (PLU), ce notamment pour y intégrer les projets de rénovation des Hauts de Joinville. Un an de réunions et de discussions, puis changement de tactique : suspension des travaux sur le PLU et remise à l’étude des Hauts de Joinville. Un projet cohérent pour ce quartier était présenté au Printemps 2006 : on se souvient entre autres de l’idée d’implanter le nouveau gymnase sur la Place du 8 mai 1945. Nouveau changement en septembre 2006 : reprise du PLU (on dirait que pendant ce temps-là certains ont vaqué à leurs aménagements et autres agrandissements de leur maison). Et en novembre 2006, branle-bas de combat, le nouveau projet des Hauts de Joinville est présenté.

 

Si nous comprenons bien la manière dont le cadre réglementaire a été interprété, une concertation préalable à la création de ZAC a été menée « vite fait » en novembre-décembre 2006. Ce n’est que le jour même de la réunion publique de clôture, le 18 décembre, que les nouveaux plans ont été affichés au rez-de-chaussée de l’hôtel de Ville, ce qui ne suggère pas une volonté de dialogue sincère … Cette concertation est maintenant terminée. Nous y avons découvert que les projets de la majorité municipale pour le quartier étaient bien différents de ceux qui avaient été exposés jusque là. Dès que le PLU sera bouclé, une ZAC sera créée et une Déclaration d’Utilité Publique sera demandée par la Mairie (ce qui permettra l’expropriation des propriétaires récalcitrants). La réunion de clôture de la concertation ouverte à tous ayant été précédée de trois réunions dédiées aux habitants de mini-secteurs du quartier concerné, nous avons pu, au fil de ces soirées (1), observer un infléchissement des discours, et obtenir des réponses plus précises à nos questions.

 

Un rappel important : quels que soient les choix retenus (densité, mixité sociale …), nous demandons depuis l’origine un engagement de la Municipalité pour la réalisation d’un quartier respectueux de la qualité de vie, construit selon des normes environnementales exigeantes (haute qualité environnementale ou au moins l’équivalent). Que ceci soit clairement affiché et discuté !

 

Quelques points sont particulièrement à souligner :

 

·        La création d’une place en centre ville (à l’angle de la rue Vel Durand, presque en face de la Mairie), qui sera préservée de la circulation automobile, aménagée avec des espaces verts, propice à des activités humaines conviviales. L’idée nous séduit plutôt. Mais en compensation, on nous affirme qu’il faudra construire sur deux côtés de la Place du 8 mai 1945 (2). Le marché migrerait sur la nouvelle place.

 

·        Des blocs d’immeubles qui semblent imposants et qui risquent d’aggraver l’aspect hostile de la rue de Paris (voir les hauteurs affichées). Nous voulons des engagements sur la qualité des chantiers. Nous demandons la conception d’ensembles qui laissent des espaces ouverts, en particulier le long de la rue Paris. Nous voulons que la Municipalité (par l’intermédiaire de l’aménageur de la ZAC le cas échéant), engage un bureau d’études compétent en matière d’aménagements respectueux de l’environnement, à l’intérieur et à l’extérieur des habitations.

 

·        Une densification effrénée est à craindre ; la Municipalité devrait s’engager sur le traitement des conséquences de celle-ci. Le document officiel prévoit l’arrivée de 850 nouveaux Joinvillais. Soulignons que l’imprécision des documents publiés interdit l’analyse fine de cette densification, et ce n’est certainement pas un hasard si on nous refuse les éclaircissements que nous réclamons.

 

·        La création de logements sociaux est catégoriquement refusée par la Municipalité, qui pourtant ne s’interdit pas de faire encore évoluer significativement son projet sous d’autres aspects. Alors la part relative des foyers modestes au sein de la population joinvillaise devrait encore diminuer, ce que nous regretterions.

 

·        Nous voulons des engagements sur la circulation automobile dans cette rue de Paris : moins de voies de circulation. Nous ferions confiance aux bâtisseurs de parking pour que les entrées-sorties du parking prévu sous la place centrale (300 places) ne soient pas sources d’encombrements et de pollutions ? C’est l’occasion de faire une installation de pistes cyclables, et dans les deux sens. Nous pensons que, si des voies pour les piétons et les cyclistes sont aménagées, elles donneront la possibilité de changer les habitudes de nombreuses personnes. Et quelle liaison douce vers le bois de Vincennes ?

 

·        Un programme d’équipements publics très ambitieux. La reconstruction du gymnase est bien sur indispensable. Quid d’une grande salle de spectacles, (entre 500 et 700 places), prévue sur l’emplacement de l’ancienne gendarmerie ? Peut-on en faire un espace de convivialité à portée des habitants et de leurs associations ? Y-aura-t-il un accès piétonnier vers la Marne, accessible à tous, associé à un aménagement qui rendra le quai aux habitants de Joinville ? Rappelons, en réponse aux marchands d’illusions qui prospèrent à la Mairie (3), que l’opération immobilière ne financera que marginalement les équipements publics. De l’aveu du maire-adjoint délégué aux Finances et à l’Urbanisme, au final la facture pour les contribuables joinvillais se situerait dans une fourchette comprise entre 15 et 20 millions d’euros (4). Nous faisons le pari que ce programme ne sera jamais réalisé dans son intégralité, et que certains en Mairie le savent parfaitement.

 

·        La création d’une nouvelle crèche était présentée comme l’équipement public phare de la ZAC. Or on ne sait toujours pas où elle serait implantée …

               

·        Un jardin de grande valeur naturelle existe derrière le 30 rue de Paris, la maison Desprairies, condamnée, alors que c’est sans doute la plus vieille de Joinville (5). Pourquoi faire disparaître cet espace en y mettant le nouveau gymnase, alors que celui-ci pourrait être construit ailleurs, par exemple le long de la villa Rousseau ? Ce jardin privé avait vocation à devenir un espace vert public, ce n’est pas la création d’un autre espace vert sur des remblais qui le remplacera

           

La Municipalité a annoncé qu’elle aura des objectifs clairs dans ce projet. Pour l’instant, il est permis d’en douter. Joinville-Ecologie tient particulièrement :

 

·        Au respect des habitants actuels de cette zone et à leur bonne information

·        A une formation sur la « qualité environnementale » pour les élus et les associations

·        A la rédaction d’un cahier des charges exigeant

·        Et pourquoi pas à un contrat environnemental entre les élus et les Joinvillais ?

 

 

 

(1) Ce découpage en micro-quartiers relevait à l’évidence d’une tactique « diviser pour régner », comme nous l’a confirmé l’attitude hostile et parfois grossière des élus de la majorité à notre égard, nous qui avions l’outrecuidance de revenir d’une séance à l’autre pour comparer les discours.

(2) L’actuelle Place du marché est l’une des plus anciennes structures urbaines de notre commune ; elle serait isolée de l’avenue Leclerc par une barre d’immeubles.

3) Les mêmes qui font miroiter une passerelle sur la Marne entre le début du Quai du Barrage et le Port de plaisance, gadget qu’on ressort régulièrement du chapeau depuis 20 ans, mais qui coûterait près de 3 millions d’euros !

(4) Rappelons que, ces dernières années, les dépenses d’investissement dévolues aux équipements à Joinville n’ont été que de 2,24 millions d’euros en moyenne (3,96 en 2006). Il est facile d’afficher des sommes mirifiques lors du vote du budget primitif au début de chaque année : ce ne sont que des prévisions peu sincères, puisqu’en moyenne elles ne sont réalisées qu’à concurrence de la moitié (ce qu’on apprend un an et demi plus tard).

(5) Le projet de la Municipalité prévoit à la place de la maison un équipement public mixte où seraient délocalisés des services actuellement situés dans l’Hôtel de Ville. Un historien local des bords de Marne, proche de la Municipalité, est intervenu pour demander la préservation de la façade de la vieille caserne des pompiers, qui ne date que de 1924. Il n’a pas eu un mot pour la maison Desprairies, plus vieille d’un siècle environ ! Faut-il en rire ou en pleurer ?

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