le
Enquête Publique sur le Plan Local d’Urbanisme
Sur la
Concertation :
Notre Association, Joinville-Ecologie, fondée en
Le processus d’élaboration du projet était cependant
biaisé. Les comptes-rendus de réunions élaborés par la Municipalité ont
retranscrit à peu près fidèlement les interventions de chacun. Mais certaines
ont forcément été prises en considération bien plus que d’autres : le
consensus est bien sur impossible. Surtout, les participants à la concertation n’étaient
pas totalement représentatifs. On a constaté, au cours des réunions publiques,
une très forte sur-représentation des propriétaires de pavillons, qui bien
naturellement défendaient avant tous leurs intérêts et/ou leur vision de la
Ville, et une quasi-absence des locataires d’appartements, particulièrement
sociaux. La Municipalité n’a pas communiqué spécifiquement vers les catégories
de la population les plus réticentes à l’exercice pour les inciter à y
participer, et n’a rien fait pour compenser cette distorsion. La quasi-totalité
des membres de la commission extra-municipale résidaient eux-mêmes dans la zone
à vocation pavillonnaire UE, le rédacteur du présent texte y compris !
C’est pourquoi, en dépit de nos efforts, l’essentiel des débats ont porté sur
cette zone, et le règlement des autres zones a été « expédié » très
rapidement tout à la fin du processus. Le résultat ressemble beaucoup à une
« ville à deux vitesses ».
Sur le Rapport
de Présentation :
Le diagnostic est intéressant et de qualité. Il y a
peu à redire, à l’exception d’un point particulier : l’omission, dans
l’inventaire du patrimoine (§ III-4), de la propriété remarquable du 30 rue de
Paris, qui remonte à la première moitié du XIXème siècle et est donc la plus
ancienne propriété de Joinville (château du Parangon excepté). Nous savons
cette omission volontaire, cette propriété étant vouée à la destruction dans la
ZAC des « Hauts de Joinville ».
La délimitation des zones (§ IV-3) est beaucoup plus
contestable. Deux logiques contradictoires ont été adoptées. D’une part, une
immense zone UE, principalement dans le « Bas » de Joinville (rive
gauche), subsidiairement sur les bords de Marne dans le « Haut » (la
rive droite), couvre la majorité du territoire de la commune. D’autre part le
« Haut » de Joinville est couvert par un véritable
« patchwork » de petites zones. La zone UE est dite « à vocation
pavillonnaire » mais comprend en fait de nombreux collectifs. Ce qui
permet à la Municipalité d’assurer que cette zone comprend la majorité des
habitants de la commune (ce point est douteux). Notons que les chiffres sont faussés
par le fait que la rivière Marne elle-même est pour l’essentiel comptabilisée
dans la superficie de la zone UE ! Cette zone UE est en fait celle où la
Municipalité a renoncé à densifier (les C.O.S. sont de 0,40 sur le secteur UEa,
le quartier de Polangis, et de 0,60 sur le secteur UEb, le reste). Nous nous en
réjouissons. Mais les autres zones (sauf UN, l’Usine des Eaux) sont pour
l’essentiel les zones livrées à la promotion immobilière. Le Règlement le
montre très clairement.
Sur le Plan
d’Aménagement et de Développement Durable (PADD) :
Elaboré au cours du premier semestre 2005 et
retouché depuis, ce document n’est pas opposable aux tiers mais donne la
« philosophie » du PLU. Il ne suscite pas de remarques importantes, à
deux exceptions près.
L’orientation II « Maîtriser les
déplacements : qualité, partage et sécurité » est extrêmement timorée
pour un document placé sous l’égide du « développement durable ». La
crise énergétique arrive, il va falloir rééquilibrer effectivement la part des
divers modes de transports, ce qui ne sera pas possible sans mécontenter
certains. On ne peut pas se proclamer favorable au principe tout en s’opposant
à tous les projets qui « viennent sur la table ». Ainsi il est
nécessaire de promouvoir les sites propres de transport commun, qui ne pourront
pas tous passer en souterrain pour des raisons économiques. Par exemple le
Trans-Val-de-Marne, devra passer par l’avenue Charles Floquet, certes dans la
limite de l’emprise existante, mais en site propre quand c’est possible sans
trop de dommages (pas toujours : c’est exclu le long de l’avenue des
Peupliers), et sans exclure un bus articulé (et qui sait ? un jour, un tramway).
Un site propre bien inséré sur la Nationale 4 (l’avenue Gallieni) serait
également un atout pour notre Ville.
L’orientation VII « Préserver la mixité sociale
et l’équilibre en terme d’habitat » doit insister sur le fait que le
pourcentage réel de logements sociaux selon la définition en vigueur n’est que
de 26%, et surtout préciser qu’il faut que
l’offre de logements sociaux soit maintenue en proportion. Si le nombre total de logements à Joinville
augmente significativement, comme la majorité municipale le souhaite à
l’évidence (voir par exemple la ZAC des « Hauts de Joinville »),
alors ce n’est pas la même chose de maintenir le nombre de logements sociaux ou
d’en maintenir le pourcentage ... Nous connaissons la tentation du repli sur soi
de nos concitoyens, mais les communes socialement homogènes (« l’apartheid
social ») sont un remède pire que le mal, encourageant plus encore la
violence.
Nous notons enfin qu’il est
démagogique de prétendre, au chapitre III consacré à l’environnement,
« interdire, dans les zones à dominante d’habitat, les activités
industrielles, commerciales ou artisanales polluantes ou
bruyantes » ! Au pied de la lettre, cela équivaudrait à interdire
toute activité dans tout Joinville (sauf le secteur de l’usine des eaux, le seul
qui ne soit pas à dominante d’habitat), en parfaite contradiction avec le
chapitre V consacré à l’emploi et au dynamisme économique. En effet, toute
activité est, peu ou prou, polluante, c’est une question de degré. Les
écologistes préfèrent se battre pour que les compromis nécessaires soient
réellement très soucieux de l’environnement, plutôt que de « raconter des
salades » à la population ! Nous ne souhaitons pas la suppression de
cette clause, mais son amendement (« trop polluantes ou
bruyantes pour le bien-être de la population »).
Sur le Règlement
C’est évidemment le plus important : le
Règlement est opposable aux tiers. Nous pensons que, quelle que soit la vision
de la Ville que l’on souhaite promouvoir, il est essentiel que le Règlement
soit pédagogique et facile à interpréter, et d’autant plus que notre société
évolue vers une judiciarisation toujours croissante des conflits. Il faut donc
éviter les « nids à contentieux ». Rendre les règles difficiles à
interpréter pour les non professionnels n’est pas rendre service à la
population. De ce point de vue, le Coefficient d’Occupation du Sol (C.O.S) est
un outil indispensable, même si le Code de l’Urbanisme autorise maintenant les
zones sans C.O.S. au prétexte que les autres règles de construction conduiraient
au même résultat.
Au cours de la concertation, les élus de la majorité
ont assuré que les zones sans C.O.S. seraient exceptionnelles et se
limiteraient aux propriétés mitoyennes de l’avenue Gallieni (secteur UAa, déjà
traité ainsi dans l’ancien P.O.S.), et peut-être au bord d’une partie de la rue
Chaptal et de l’avenue Jaurès, rien de plus. C’est à l’extrême fin du
processus, lorsqu’on a abordé le règlement des petites zones, que la
Municipalité a renié sa parole en multipliant les zones sans C.O.S. Elles sont
maintenant en nette majorité : l’article 14 du règlement des zones UA, UD,
UF, UG, UH, UN, UZ, sans compter celui de la zone N (l’île Fanac) et celui
spécifique au secteur UCa, ne prévoient pas de C.O.S. Nous sommes
catégoriquement opposés à cette approche, sauf pour le secteur UAa (l’existence
même du secteur UAb est contestable).
Cas particulier de la zone UD : l’habitat assez
dégradé de cette zone autorise à penser que c’est là que résident bien des
opportunités de promotion immobilière, dont la réalisation changera la
sociologie des habitants. L’absence de C.O.S. est ici particulièrement
choquante.
Cas particulier de la zone UF (partie de l’emprise
dite « Essilor ») : on ne doit pas autoriser la construction
d’habitations, même prétendument « liées aux activités autorisées dans la
zone », dans une zone sans C.O.S. Et d’autant plus que l’emprise s’étend
aussi sur une partie du secteur UCa, sans C.O.S. L’ambition louable de
préservation de l’activité économique ne doit pas conduire à la complaisance
vis-à-vis d’une opération immobilière de constructions de logements, à finalité
purement financière.
Cas particulier de la zone UG (partie de la rue
Chaptal et de l’avenue Jaurès) : le règlement de cette zone est justifié
par sa vocation à recevoir des activités économiques. Sauf qu’un programme
mixte, économique et habitat, est autorisé sous réserve que la S.H.O.N. des
logements ne dépasse pas 30% de l’ensemble. Cette clause ne doit pas être
cumulée avec l’absence de C.O.S.
Cas particulier de la zone UZ : son règlement
viole manifestement le Schéma Directeur de la Région Ile-de-France (SDRIF)
d’avril 1994, toujours applicable, et avec lequel le PLU de Joinville-le-Pont
devrait être compatible selon l’article L111-1 du Code de l’Urbanisme. Les dispositions
du SDRIF proscrivent, en dehors des sites urbains constitués, toute nouvelle urbanisation
à moins de
Sur le Cahier de Recommandations Environnementales
(Annexes) :
Il s’agit d’un document sympathique quoique
lacunaire. Sans valeur juridique, il ne doit pas distraire l’attention. Il
dépendra des services de la Municipalité de le mettre en œuvre dans les
opérations qu’elle pilotera, et aussi d’y inciter les opérations privées. Les
Permis de Construire récemment accordés n’apportent aucun signe qu’on aille
dans ce sens.
Conclusion :
Joinville-Ecologie demande que soit donné un avis
favorable sous réserves au projet de PLU. Si la Municipalité ne les prend pas
en compte, l’avis sera donc défavorable. Nous souhaitons au minimum deux
réserves, portant sur les zones sans C.O.S, à l’exception éventuelle de la zone
UA (secteur a), zones qui devraient impérativement se voir attribuer un C.O.S.
raisonnable, et sur la zone UZ, qui doit être inconstructible conformément au
SDRIF de 1994. Nous souhaitons que les points que nous avons soulevés qui ne
seront pas repris en réserves soient néanmoins mentionnés à titre de
recommandations.
Pour Joinville-Ecologie,
Michel LAVAL, Secrétaire,
Conseiller municipal
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