Réalisateur
: LAURENCE JOURDAN
France 5 |
De
l'or en bouteille
|
En France, le marché de l'eau en bouteilles est florissant.
Qui se partage le secteur ?
Qu'appelle-t-on au juste " eau minérale " ?
Et pourquoi la préfère-t-on à l'eau potable du robinet ?
Autant de questions auxquelles va
tenter de répondre ce documentaire.
Avec ses 110 marques d'eau minérale - plate, gazeuse ou aromatisée -, le marché
français de l'eau représentait déjà en 2004, 1,25 milliard d'euros.
Il se trouve aujourd'hui entre les mains de trois grands groupes : Nestlé, Danone
et Neptune Castel.
Revenant sur les débuts de son histoire, ce film permet d'explorer les méandres
de ce secteur haut en surprises qui s'est développé dans les années 70, puis
déployé dans les années 80, favorisé par le combat des diététiciens et nutritionistes
pour lutter contre l'obésité.
Ce sont les années 90 qui, avec l'emballage en plastique, ont vu se développer
la consommation massive d'eau en bouteilles parallèlement à une société de plus
en plus nomade. Minérale ou de source, gazeuse ou plate. Champions toutes catégories
de la production mondiale et grands consommateurs, les Français raffolent de
l'eau en bouteille.
Enquête sur un marché très juteux et en pleine expansion, celui de l'or bleu.
Il suffit d'ouvrir un robinet pour qu'elle coule à flots. Pourtant, par peur
de la pollution, ou simplement par goût, beaucoup de nos compatriotes se tournent
vers l'eau en bouteille. Deux Français sur trois en boivent.
En à peine vingt ans, la consommation a doublé ! Et avec elle la production,
qui fait de la France le leader mondial avec plus de 6 milliards de litres d'eau
embouteillés chaque année dans une cinquantaine d'usines. Chiffre d'affaires
: 3 milliards par an ! Le temps de l'exploitation artisanale semble désormais
bien révolu. Seules quelques petites entreprises, comme celle qui commercialise
la Reine des Basaltes ardéchoise, subsistent encore ici et là. Mais pourquoi
un tel engouement pour de l'eau ? Les raisons du succès sont moins linéaires
qu'il n'y paraît. A grand renfort de marketing et de publicité, les industriels
ont développé une stratégie qui a transformé l'eau minérale, autrefois cantonnée
aux stations thermales, en un produit de consommation courante. Rivalisant d'imagination,
les grandes marques d'eaux minérales - investissent entre 80 et 100 millions
d'euros annuels pour promouvoir les innombrables vertus médicinales d'eaux censées
nous apporter vitalité, jeunesse ou minceur. Et ça marche ! Les très nombreux
adeptes des bouteilles vertes, rouges, bleues, en plastique ou en verre, délaissent
l'eau du robinet pour une boisson dont ils confondent les appellations. Minérale,
de source, de table ? Pas toujours aisé d'en saisir les nuances.
Peu importe, ça se vend.
Le message publicitaire passe d'autant mieux qu'on nous a longtemps dit que
boire 1,5 litre d'eau par jour est bénéfique pour l'organisme.
De quoi doper une industrie dominée aujourd'hui par trois grands groupes du
secteur agroalimentaire.
Nestlé et Danone sont les leaders du marché français comme mondial. De l'or
en bouteille - Investir contre la pollution des nappes l'eau minérale ne peut
en aucun cas être traitée. Préserver sa qualité constitue donc une priorité
pour les industriels.
A Vittel, Nestlé a investi dans un programme de prévention des risques de pollution
des nappes souterraines. Pour éviter leur contamination par les pesticides et
autres produits chimiques, le groupe négocie des accords de partenariat avec
des acteurs économiques de la région. Trente-cinq agriculteurs ont déjà adhéré
au programme antipollution. Ils reçoivent en contrepartie une somme de 2 000
€ à l'hectare pendant cinq ans, plus une participation à l'investissement
nécessaire au remplacement des engrais chimiques par du compost.
La protection de l'environnement
n'a cependant pas toujours été d'actualité.
Dans certaines régions comme le Nord ou la Bretagne, la pollution des nappes
phréatiques soulève des inquiétudes auprès des consommateurs. Même les ménages
les plus modestes préfèrent investir dans l'eau en bouteille. Il faut dire qu'ils
n'ont pas toujours le choix !
La France a d'ailleurs été mise en cause à Bruxelles en 2008 , pour n'avoir
pas pris toutes les mesures " pour se conformer à la directive relative à la
qualité des eaux destinées à la consommation humaine" dans trois départements.
En attendant, boire de l'eau en bouteille revient de 100 à 300 fois plus cher,
mais rassure. De nouveaux arrivants font leur entrée dans ce marché décidément
très juteux. Pour faire face à la stabilisation de la consommation en France,
les grands groupes industriels partent désormais à la conquête des pays émergents.
Et notamment dans des régions de la planète où une majorité d'êtres humains
n'a toujours pas accès à l'eau potable.
Source : magazine des programmes de France 5
Définition de l'eau minérale et de
l'eau de source ( Ministère de l'Industrie)
Eau de source : Eau d'origine souterraine provenant d'aquifères de qualité
bien protégés de toute pollution, bactériologiquement saine - naturellement
potable (sans traitement), mise en bouteille pour la vente après autorisation
préfectorale.
Eau minérale naturelle : Eau d'origine souterraine, naturellement saine
bactériologiquement (qualité garantie par la protection naturelle du gisement)
possédant des caractéristiques physico-chimiques et microbiologiques particulières
et constantes (température, teneurs en minéraux et oligo-éléments stables aux
fluctuations naturelles près).
Ces caractéristiques ne sont pas affectées par le débit d'exploitation.
Le cas échéant, avoir des propriétés favorables à la santé reconnue par l'Académie
Nationale de Médecine (obligatoire pour les eaux utilisées à des fins thérapeutiques
dans un établissement thermal).
Les seuls traitements admis sont la sédimentation des matières en suspension,
la séparation des composés instables et une éventuelle adjonction de gaz carbonique.
Coût de l'eau en bouteille :
selon le ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables,
un litre d'eau embouteillé coûte pour le consommateur de 100 à 300 fois plus
cher que l'eau du robinet.
L'eau en bouteille, une « eau de secours ».
En cas de pénurie, de catastrophes naturelles ou de pollution ponctuelle, les
eaux minérales et de source ont vocation à être des "eaux de secours". Elles
peuvent être réquisitionnées pour garantir à la population l'accès une eau de
consommation saine, en cas de problème.
Protection de l'impluvium. La protection
de la zone de recharge de la nappe, appelée impluvium, est une priorité pour
les embouteilleurs. Les eaux de source, comme les eaux minérales, ne peuvent
pas être traitées. Elles doivent être bactériologiquement saines et tenues à
l'abri des risques de pollution.
En cas de pollution, un exploitant peut être contraint de fermer son forage.
Depuis les années 1990, les industriels ont développé des programmes de prévention.
http://wiki.france5.fr/index.php/DE_L'OR_EN_BOUTEILLE