CREATION DE LA ZAC DES « HAUTS DE JOINVILLE »

 

 

Préambule :

Lorsque les travaux préalables à la création de cette ZAC ont été lancés, les écologistes joinvillais ont espéré qu’un compromis honorable pourrait être trouvé au cours de la concertation, permettant à Joinville-Ecologie de ne pas s’opposer au projet. Sur le principe, n’étant pas partisans du statu quo, nous étions favorables à la création d’une ZAC, seul outil permettant de réaménager un quartier entier. Mais au fil du temps, les intentions de la Municipalité se sont précisées (ainsi le nombre de logements prévus a augmenté) : il nous est donc devenu impossible de cautionner les orientations affichées. En conséquence, quand a été présentée au Conseil Municipal une délibération unique créant officiellement la ZAC des « Hauts de Joinville », mais aussi entérinant un bilan officiel biaisé de la concertation, ainsi que les choix d’aménagement retenus, les élus écologistes au Conseil Municipal n’ont pu que voter contre ! Nous continuerons cependant à coopérer avec la Municipalité dans le domaine de la qualité écologique des constructions.

 

 

Le Conseil Municipal du mercredi soir 21 mars à Joinville-le-Pont a offert un curieux spectacle. Le sujet principal consistait à créer enfin la ZAC des « Hauts de Joinville », après avoir tiré le bilan d’une interminable « concertation ». Accessoirement, à lancer la procédure de choix de l’aménageur et concessionnaire de la ZAC.

 

Passons sur le bilan tendancieux de la concertation, officiellement de mai 2004 à janvier 2007. Et en réalité, le projet était discuté depuis plus longtemps encore ! Faisant de nécessité vertu, la Municipalité prétend que ce délai exceptionnel est le signe de sa volonté sincère de concerter. C’est en réalité la conséquence de ses hésitations, qui ont permis d’épuiser la plupart des bonnes volontés. Au cours de ces onze trimestres, le projet d’aménagement a été très profondément remanié à plusieurs reprises (1). L’analyse des observations figurant sur le registre n’est pas quantifiée, celles qui vont dans le sens du parti retenu par la majorité municipale sont sur-valorisées, tandis que les autres sont minorées, voire commentées de façon désobligeante. Quant aux réunions publiques, qui ont donné lieu à des échanges bien plus sérieux, elles ne sont analysées que très sommairement. Soulignons que les plans de la dernière version du projet de ZAC n’ont été affichés que l’après-midi même de la toute dernière réunion publique, destinée à conclure la concertation... Mais pour la Municipalité, le bilan est positif, forcément positif !

 

Sur le projet de ZAC lui-même, tout ce qu’affiche la Municipalité pourra être remis en cause. Actuellement, aucun chiffre mentionné n’est justifié, et nos demandes répétées d’éclaircissements se sont heurtées à un mur. Impossible en particulier de mesurer exactement l’importante densification entraînée par ce projet qui affiche maintenant 400 logements (2). Malheureusement, légalement la création d’une ZAC s’intéresse pour l’essentiel à son périmètre. Il serait même théoriquement possible de ne presque pas aborder les questions de contenu, qui sont traitées lors de l’étape légale suivante, la réalisation de la ZAC. Bien sur, à notre époque, ce serait politiquement risqué, d’où l’affichage d’un programme, assez flou pour ce qui concerne les logements, assez détaillé et ambitieux, voire irréaliste à notre avis, pour ce qui concerne les équipements publics : ce genre de promesses n’engage que les naïfs qui y auront cru. Rappelons aussi pour mémoire l’éradication du seul espace quasi-naturel du quartier, un jardin privé qui serait le seul endroit possible pour reconstruire le gymnase, on est prié de le croire !

 

Trop de pauvres dans les Hauts de Joinville ! Le cynisme de la Municipalité sur la question du logement social mérite d’être souligné. Le programme immobilier ne sera pas aidé, les logements seront donc réservés de fait aux ménages à bons revenus. Ceci dans le contexte de la crise du logement que l’on connaît, alors que 975 000 personnes en France vivent sans domicile personnel. La Cour des Comptes a d’ailleurs signalé dans un rapport récent « l’inadaptation des dispositifs » d’hébergement des sans-logis, et préconise une forte augmentation de la construction des logements très sociaux. Foin de tout cela à Joinville ! Et ceci au nom de la mixité sociale, à maintes reprises invoquée avec indécence dans les documents officiels de la Municipalité. Selon la majorité de droite, il y aurait déjà 50% de logements sociaux dans le quartier : c’est trop et il faut réduire cette proportion ! Une telle mauvaise foi est époustouflante. D’autres quartiers de Joinville ne comptent pratiquement aucun logement social, et à ceux qui le déplorent, on a rétorqué, lors des débats sur le Plan Local d’Urbanisme, que la mixité sociale doit se rechercher sur l’ensemble du territoire communal. Voilà donc un principe dont l’application est à géométrie variable… La question du logement social a concentré les critiques des élus de la gauche (pourtant discrets sur ce point lors de la concertation), et a suscité en réponse une véritable diarrhée verbale de la part de Pierre Aubry, qui s’est dit « fier de ses logements sociaux » (3), et a versé moult larmes de crocodile sur le sort des « SDF », notamment ceux hébergés dans une aile réservée de « l’Hipotel » (l’ancien hôtel Campanile, dans le quartier des Canadiens).

 

Nombre de candidats à la Présidentielle prônent un quota obligatoire de logements sociaux dans tous les programmes immobiliers publics. Pour être cohérents avec eux-mêmes, les élus locaux doivent mettre leur vote en cohérence avec les déclarations de leur champion. Le Groupe Ecologiste a donc interpellé les centristes qui sont dans ce cas. Ceux-ci, membres de la majorité municipale, ont choisi de s’abstenir sur la délibération (4).

 

Pour les écologistes, il faut à la fois limiter la densification et préserver l’équilibre sociologique de Joinville. Il est faux de soutenir qu’il faut densifier plus si l’on veut des logements sociaux en plus des logements de standing que l’on construira prioritairement de toute façon. Le paquebot sur lequel nous voguons ne peut pas embarquer sans risque beaucoup plus de passagers : ce n’est pas une raison pour le réserver aux seules premières classes.

 

Pour conclure, rappelons que nous ne sommes qu’à la fin de la première manche. Tout ce qu’on sait aujourd’hui du programme, en bon comme en mauvais, peut encore être remis en cause dans la seconde manche qui commence : l’élaboration du dossier de réalisation de la ZAC. Lorsque le Conseil Municipal approuvera ce dossier de réalisation, il restera à le soumettre à une enquête publique, où tous les Joinvillais pourront à nouveau donner leur avis, mais cette fois sous le contrôle d’un commissaire-enquêteur, théoriquement neutre. La partie n’est pas terminée : les seuls combats perdus d’avance sont ceux qu’on ne livre pas !

 

 

 

(Michel LAVAL, mars 2007)

 

 

 

 

 Notes

 

(1) Voir sur ce site nos « Interrogations à l’issue de la concertation », janvier 2007

(2) L’étude d’impact, obligatoire dans un dossier de création de ZAC, est notoirement insuffisante ; un tableau prétend démontrer que la densification reste modérée, mais le calcul est effectué sur un périmètre mal défini débordant de la ZAC et incluant les résidences HLM et ILN du voisinage, histoire de diluer l’effet des constructions nouvelles !

(3) Il n’en a pourtant construit aucun pendant ses quatre mandatures successives, à l’exception d’un contingent dans la ZAC des « Studios de Joinville », avenue Galliéni, qui n’a été programmé  qu’à la suite de notre insistance.

(4) En dépit de leur prudence, ils ont été immédiatement sanctionnés : Mme de Compreignac a été écartée de la commission qui devra donner son avis sur le choix de l’aménageur de la ZAC. En revanche, Mme Philippot, chef de file d’une liste de droite qui se présentait comme un recours lors des dernières élections municipales, y a été élue grâce aux voix de la majorité. Elle s’était livrée à une violente diatribe reprochant à la plupart des personnes tombées dans la misère d’être elles-mêmes causes de leur sort, étant alcooliques ou droguées. Sa longue intervention fut très applaudie par la majorité municipale, dont elle ne fait théoriquement pas partie, bien que volant souvent à son secours.

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