FRATERNITE EN BAISSE, FATALITE EN HAUSSE

 

Quand vous lirez ces lignes, la canicule du mois d’août ne sera plus qu’un souvenir. Personne ne devrait pourtant oublier cette triste expérience, afin que tous fassent le nécessaire pour qu’elle ne se reproduise pas.

 

La canicule n’est pas une fatalité. Les températures de cet été n’ont jamais été observées en France depuis les débuts de la météorologie, il y a 150 ans. C’est l’une des manifestations les plus évidentes du changement climatique. Le climat devient plus chaud et plus instable, et nos gaspillages en sont la cause : ce n’est plus contesté par aucun scientifique sérieux. Or on sait ce qu’il faudrait faire pour éviter la catastrophe annoncée : réduire massivement nos émissions de gaz à effet de serre. Les pays européens (dont la France) se sont engagés à faire un effort (protocole de Kyoto, 1997), mais ne respectent pas leur parole, surtout du fait de l’essor incontrôlé des transports routiers et aériens. Assez de paroles, des actes !

 

Mourir de chaleur n’est pas une fatalité. On a chiffré les décès dus à la canicule en France à douze mille. La prévention a été inexistante, et c’est quand le mal était fait que les autorités et les médias se sont réveillés. Nos voisins européens, confrontés à la même situation, n’ont pas eu les mêmes pertes. Evidemment, Joinville-le-Pont n’a pas été épargnée, avec seize morts de trop (les Foyers des Personnes Agées ont été touchés). Joinville, comme sa Région, font bien pire que la France, qui fait bien pire que l’Europe … Pourquoi ?

 

Parce que notre agglomération s’est développée en dépit du bon sens ! Les températures baissaient peu durant la nuit, car le béton et le bitume omniprésents restituaient la chaleur emmagasinée pendant le jour. Surtout, les solidarités ont moins joué qu’ailleurs, du fait de la proportion énorme de personnes vivant seules.

 

Il est bien tard aujourd’hui pour « faire la morale » et demander à tous d’être solidaires des parents et grands-parents. Il s’est passé ce qui devait se passer, et ce qui se reproduira si nous ne changeons pas, pour bien des personnes âgées ou fragilisées d’une manière ou d’une autre. Pour une fois, les victimes de notre individualisme égoïste, de notre société de consommation ont été très visibles. D’habitude, ils passent inaperçus ! Réagissons, soyons solidaires de nos anciens, mais aussi des handicapés qui ne peuvent pas accéder à bien des services, des chômeurs, et des personnes qui ont des bas salaires et vivent dans la précarité... 

 

C’est un état d’esprit qu’il faut restaurer. Tout le monde doit y participer : nous-mêmes d’une part, et les services de « l’Etat » et des collectivités d’autre part. A tous les niveaux, dans tous les secteurs d’activité, il faut penser aux plus faibles. On parle beaucoup de liberté et d’égalité (souvent en les opposant), on ferait mieux de pratiquer un peu plus la fraternité.

 

Christine MARTIN et Michel LAVAL

 

Tribunes